La plupart d’entre nous sommes habitués aux levers de soleil, mais seule une poignée de chanceux a pu assister à un « lever de terre ». Dans les années 1960, les astronautes lancés vers la Lune se sont retrouvés à regarder leur planète natale. Bill Anders, de la mission Apollo 8, a pris les premières images du lever de la Terre vue depuis l’orbite lunaire. Il raconte : « Nous avons fait tout ce chemin pour explorer la Lune, et la chose la plus importante est que nous avons découvert la Terre. » Les nouvelles générations peuvent dorénavant redécouvrir la Terre à travers les superbes images filmées par Anders et d’autres astronautes. Earth Restored est une série d’images de la NASA minutieusement restaurées par le philosophe Toby Ord.
Ord a découvert les images tirées des missions Apollo dans les années 1960 et 1970 lors de sa recherche d’une image de la Terre entière depuis l’espace. Les caméras de la Station spatiale internationale ne peuvent pas capter toute la circonférence de la Terre, car elles sont trop proches. D’autres vaisseaux spatiaux qui voyagent assez loin n’ont généralement pas de caméras équipées pour un tel plan cinématographique (plutôt que scientifique). Ord s’est donc tourné vers les images prises par les astronautes d’Apollo, les seuls humains à dépasser l’orbite basse terrestre.
Ces images de la NASA sont accessibles au public, mais les originaux sont conservés dans les archives. Heureusement, des scans haute résolution étaient disponibles. Malheureusement, ces fichiers avaient des défauts d’exposition et des variations de couleurs ternissant la beauté des originaux. Les clichés originaux ont été pris avec un Hasselblad 500EL et des objectifs Zeiss Sonnar et Planar, sur des pellicules Kodak — Ektachrome pour la couleur et Panatomic-X pour le noir et le blanc. Ord a donc dû ajuster la balance des blancs, les contrastes, et nettoyer la poussière et les égratignures.
Le résultat, Restored Earth est aussi beau et impressionnant qu’il y a plus de 50 ans. Ord, un philosophe et chercheur à l’Université d’Oxford, immortalise l’impact des images d’Apollo. Il souligne leur importance en tant que document historique et géographique, ainsi qu’en tant qu’œuvre d'art. “Je ne considère par le film original comme l’œuvre d’art,” Ord admet à My Modern Met, “mais c’est (en quelque sorte) une documentation de la manière dont l'œuvre a été créée. Lors du développement de la pellicule et de l’impression, on fait face à de nombreux choix d’interprétation supplémentaires, comme l’exposition, le contraste et la balance des blancs. S’il y avait déjà de grandes reproductions canoniques, je me serais concentré sur la reproduction de celles-ci avec un peu plus de résolution et de portée dynamique. Mais comme il n'y en avait pas, je devais faire ces choix seul.”
Vue de l'espace, la Terre semblait à la fois belle et fragile. Ord explique, “J'ai décidé que mon rôle n'était pas de créer de nouvelles interprétations de ces image, ou d'y apposer ma propre marque, mais plutôt de rester conservateur en reproduisant ces images le plus fidèlement possible à la réalité. Par exemple, on voit clairement que ces images ont été capturées sur pellicule, elles n'ont rien de la douceur et de la saturation que l'on peut obtenir avec des images numériques. Je vois cela comme la préservation de l'identité de ces photographies : des restaurations, pas des réinterprétations”.
Ord concentre son travail philosophique sur les concepts de risque et d'altruisme efficace. Il a fondé Giving What We Can, une organisation visant à promouvoir la gestion efficace des œuvres de bienfaisance.