Christian Boltanski est l’un des artistes français les plus reconnus internationalement de son époque, s'est éteint le 14 juillet 2021, à l'âge de 76 ans.
Boltanski est né à Paris le 6 septembre 1944, environ deux semaines après la libération de la ville du contrôle nazi. Son père, d’origine ukrainienne juive, a survécu à l’occupation en passant un an et demi caché sous le plancher de la maison de la famille, un fait qui aura grandement influencé le travail de l'artiste. « Je suis né à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des amis de mes parents étaient des survivants… J’ai donc entendu toutes ces histoires et, en tant que petit garçon, cela a vraiment influencé mon esprit », a-t-il déclaré dans une interview accordée au Brooklyn Rail. « Aujourd’hui, je crois que nous sommes toujours en guerre. Rien ne change. Je ne crois pas que nous soyons en période de paix. Combien d’immigrants meurent dans la mer Méditerranée ? ».
Voir cette publication sur Instagram
Boltanski a quitté l’école vers l’âge de 12 ans, et bien qu’il n’ait jamais reçu une formation artistique formelle, il faisait déjà des sculptures et des peintures. En tant que jeune garçon, son art était largement figuratif, et il traitait déjà des moments les plus sombres de l’histoire. En 1968, il a présenté sa première exposition personnelle au Théâtre le Ranelagh, Paris, La vie impossible de Christian Boltanski. L’année suivante, il a publié ses deux premiers livres, intitulé Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance, 1944-1950 et reconstitution d’un accident qui ne m’est pas encore arrivé et où j’ai trouvé la mort.
Depuis les années 1960, son travail est hanté par le caractère éphémère et fragile de l’expérience humaine, une conscience de la mortalité. Plusieurs des projets de Boltanski mettent en lumière des objets réels – des photos nécrologiques aux boîtes de biscuits rouillées – oubliés dans des espaces publics, créant des collections commémorant leurs propriétaires inconnus dans une cacophonie d'effets personnels. Ces objets trouvés questionnent les notions de mémoire, de perte, d'histoire personnelle et culturelle.
Voir cette publication sur Instagram
Dans une interview de 1997 publiée dans le Phaidon Folio, il explique : « Je pense que ce que j’essaie de faire dans mon travail était de prendre des objets étranges — des objets dont nous savons qu'ils ont été utilisés pour quelque chose bien que nous ne sachions pas exactement pour quoi — et de montrer leur étrangeté. Il s'agit de mythologie individuelle. Les objets que j’expose proviennent de ma propre mythologie; la plupart de ces choses sont maintenant mortes et impossibles à comprendre. Il peut s’agir de choses insignifiantes, ou simplement simples et fragiles, mais les gens qui les regardent peuvent s’imaginer qu’elles ont déjà été utiles à quelque chose. »
Voir cette publication sur Instagram
En 2009, il a « vendu sa vie en viager » au collectionneur australien David Walsh, en installant quatre caméras dans son atelier, filmant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le collectionneur s'était engagé à continuer à payer pour ces séquences de 24 heures jusqu'au décès de l'artiste. Les images étaient diffusées en direct dans une grotte ouverte à tous dans sa propriété, mais il lui était interdit de rompre le direct. L'idée du viager étant que plus longtemps l’artiste vivait, plus l'œuvre prenait de valeur pour Boltanski, mais plus l'investisseur perdait d'argent. Boltanski a décrit cet arrangement au Monde comme « une partie contre le diable ».
Voir cette publication sur Instagram
Voir cette publication sur Instagram
Sa dernière grande exposition intitulée « Faire son temps », présentée au Centre Pompidou en 2019-2020, lui a permis de parcourir son travail et sa carrière avec le public.
Boltanski, l'un des artistes français les plus influents de son époque, s'est éteint le 14 juillet 2021 à l'âge de 76 ans. Il laisse derrière lui un héritage artistique d'envergure mondiale.
Articles Similaires :
Paris S’éveille : 10 Expositions à Voir dans la Capitale Cet Été