Photo : Menno Schaefer via Deposit Photos
Quiconque a déjà observé le comportement d'un corbeau sait que ces oiseaux sont très malins. Une étude récemment publiée dans Science prouve qu'ils seraient même encore plus intelligents qu'on ne le pense. D'après les chercheurs, les corbeaux et autres corvidés possèderaient une conscience primaire – que l'on n'attribuait jusqu'à maintenant qu'aux humains et à certains primates.
Les corbeaux se sont déjà révélés être excellents à la résolution de problèmes, et plutôt créatifs, mais cette nouvelle découverte pourrait changer la manière dont on pense à l'évolution animale. Qu'est-ce que la conscience primaire ? Aussi connue sous le nom de conscience sensorielle, le terme fait référence à la capacité de rassembler des souvenirs et des événements observés pour cultiver une conscience du présent et du passé immédiat. Par exemple, enfant, vous avez peut-être approché votre main un peu trop près d’une flamme et vous êtes brûlés. Se souvenir de ce sentiment douloureux vous a appris à ne pas répéter la même erreur.
Comment les chercheurs ont-ils mesuré les capacités cognitives des corbeaux ? Ils ont travaillé avec deux corbeaux et les ont entraînés à signaler s’ils voyaient ou non un marqueur de couleur sur un écran en bougeant leurs têtes. Tout au long des essais, les corbeaux ont montré qu’ils pouvaient signaler de façon fiable si les marqueurs colorés apparaissaient ou non. À certains moments du test, les marqueurs étaient si faibles qu’ils étaient à peine perceptibles. Dans ces cas, parfois les corbeaux signalaient encore le marqueur et dans d’autres, ils ne le faisaient pas. C’est là que leur perception subjective est entrée en jeu.
Photo : Menno Schaefer via Deposit Photos
Pendant ce temps, les chercheurs surveillaient l’activité neuronale des corbeaux. Lorsque les corbeaux voyaient le stimulus, les neurones étaient actifs entre le moment où le marqueur était présenté et le moment où le corbeau signalait sa présence. En l’absence de stimulus, les neurones étaient inactifs. Pendant les moments de perception subjective, les chercheurs pouvaient prédire si le corbeau signalerait ou non le marqueur en fonction de l’activité neuronale. S’ils étaient actifs, le corbeau signalerait la présence du marqueur, même lorsqu'il était faible.
“Nos résultats montrent toutefois de façon concluante que les cellules nerveuses à des niveaux de traitement plus élevés du cerveau du corbeau sont influencées par l’expérience subjective, ou plus précisément, elles produisent des expériences subjectives”, déclare le professeur Andreas Nieder, auteur principal de l’étude.
Ceci est révolutionnaire parce que la conscience sensorielle aurait lieu dans le cortex cérébral des humains et de certains primates. Les oiseaux, cependant, n’ont pas de cortex cérébral. Cela ouvre une nouvelle porte d'exploration aux chercheurs.
“Les derniers ancêtres communs des humains et des corbeaux ont vécu il y a 320 millions d’années”, déclare Nieder. “Il est possible que la conscience de la perception ait surgi à l’époque et ait été transmise depuis.” Une théorie alternative est que la conscience de la perception s’est développée indépendamment chez ces espèces distantes, explique le neurobiologiste, “Dans tous les cas, la capacité de l’expérience consciente peut être réalisée dans des cerveaux structurés différemment et indépendamment du cortex cérébral.”
Remerciements : [STAT, IFL Science!]
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