Connaissez-Vous l’Histoire des Catacombes de Paris ?

Entrée des catacombes

Photo : Stock Photos par Nolan Schweitzer/Shutterstock

Les Catacombes de Paris sont l'objet de légendes urbaines en tous genres, et suscitent l'intérêt des amateurs d'exploration urbaine et cataphiles du monde entier. Elles abritent en réalité une sépulture de masse pour des millions de Parisiens, dont les ossements ont été transférés dans les anciennes carrières de calcaire sous la ville de Paris vers la fin du XVIIIe siècle.
Cet ossuaire parisien, couvrant 11000 m² d’espace souterrain à 20 mètres de profondeur, porte ce nom en référence aux Catacombes de Rome. Six millions d’os provenant de divers cimetières parisiens reposent dans le labyrinthe de tunnels de 1,7 km. La hauteur des passages est de 1,8 m et la température est de 14 degrés. L’accès aux catacombes est limité à un certain secteur pour des raisons de sécurité, et depuis 1955 il est illégal d'explorer le reste des tunnels sans autorisation.

Porte d'entrée des catacombes de Paris, France. Texte au sens français : "Arrêtez, voici l'empire de la mort"

L'entrée des catacombes, avec l'épigraphe du poète Jacques Delille. (Photo : Stock Photos par Delpixel/Shutterstock)

Les carrières sous-terraines existent à la périphérie de Paris depuis l’époque romaine. Leur calcaire a permis de construire la capitale française telle que nous la connaissons aujourd’hui, et la ville s'est étendue au point où les carrières se trouvaient directement sous la métropole. Celles-ci ont souvent freiné les projets de construction, principalement en raison du danger dans le cas où une carrière viendrait à céder, causant des dommages aux bâtiments au-dessus.
Pour éviter cela, en 1777, l’Inspection générale des Carrières, ou IGC, a été instituée afin de contrôler la stabilité des carrières et d’interdire le creusement de toute nouvelle carrière. Seuls les tunnels d’observation pour la surveillance du réseau sont autorisés. On estime que la totalité du réseau de tunnels mesure entre 250 et 300 kilomètres, un véritable labyrinthe.

Des carrières aux catacombes

Depuis près de dix siècles, le cimetière des Innocents, proche de l’église Saint-Eustache dans le quartier des Halles, était utilisé pour des sépultures. Mais à la fin du XVIIIe siècle, il était devenu un foyer d’infections et de maladies majeures pour les habitants du quartier, en raison du nombre de sépultures insalubres et de la quantité de fosses communes. Après avoir reçu de nombreuses plaintes, le Conseil d’État prit finalement des mesures en annonçant le retrait et l’évacuation du cimetière le 9 novembre 1785, et l'utilisation de certaines des anciennes carrières à cette fin. Il fût décidé que les os seraient déplacés la nuit pour ne pas choquer les riverains, et qu'une bénédiction serait donnée par une procession de prêtres sur le chemin de leur nouveau lieu de repos.

Les premiers os furent déplacés dans ces anciennes carrières le 7 avril 1786, et les catacombes ont recueilli les os de nombreux cimetières de Paris au fur et à mesure de leur fermeture, jusqu’en 1814.

catacombes avec un panneau indiquant que les ossements ont été déposés le 2 Juillet 1809

“Ossements du cimetière des innocents déposés le 2 juillet 1809”. (Photo : Stock Photos par Andrea Izzotti/Shutterstock)

À partir de 1809, les Catacombes devinrent accessibles au public sur rendez-vous, et connurent rapidement un grand succès auprès des Français comme des étrangers. L’ossuaire accueillit d’ailleurs au fil des années de nombreux personnages publics : en 1787, le comte d’Artois, futur Charles X, s’y rendit en compagnie de dames de la cour ; en 1814, l’empereur d’Autriche François Ier les visita à son tour et, en 1860, Napoléon III y descendit avec son fils.

Visiteurs dans les catacombes de Paris, illustration du début du XIXe siècle. (Photo : Auteur inconnu, Domaine Public via Wikimedia Commons)

Les catacombes aujourd’hui

Seule une petite partie de ce monde sous-terrain est ouverte au public. Cette portion connue sous le nom d’”Ossuaire de Denfert-Rochereau”, ou plus communément « Les catacombes », est devenue l’une des principales attractions touristiques de Paris, dans laquelle les visiteurs peuvent découvrir un labyrinthe de galeries obscures et de tunnels étroits, empli d'os disposés avec soin dans un style romantique-macabre. On peut y voir les piliers du XVIIIe, siècle ainsi que la fameuse maquette de Port-Mahon, sculptée par un carrier nommé Décure. Vétéran de l’armée à l’époque du roi Louis XV, il avait été retenu prisonnier dans la forteresse de Port-Mahon. Cette maquette a été entièrement restaurée et exposée avec un éclairage spécial.

Maquette de Port-Mahon sculptée dans la pierre dans les catacombes

Maquette de la forteresse de Port-Mahon (îles Baléares), sculptée dans la pierre des catacombes par un employé de la ville de Paris (M. Décure) entre 1777 et 1782. (Photo : Stock Photos par LCO Photography/Shutterstock)

En 2004, la police parisienne fut chargée de faire un exercice d’entraînement dans une partie inédite des Catacombes de Paris, sous le Palais de Chaillot. En entrant dans les catacombes par les égouts, les agents tombèrent sur un panneau indiquant « Emplacement du bâtiment, aucun accès », et un peu plus loin, une caméra de surveillance. Un enregistrement d'aboiements de chiens était programmé pour se déclencher dès que quelqu'un s'approchait de l'entrée.
En descendant plus profondément dans les tunnels, les policiers découvrirent une caverne de 500 mètres carrés avec un cinéma entièrement équipé. Il comprenait un écran géant de cinéma, du matériel de projection, des chaises et une poignée de films classiques, du film noir aux thrillers récents. Quelqu’un avait transformé cette caverne souterraine abandonnée en amphithéâtre secret. Dans la « pièce » suivante se trouvaient un bar et un restaurant bien approvisionnés, avec des tables et des chaises. La découverte laissa les policiers perplexes, sans parler de l’installation professionnelle de l’électricité et de trois lignes téléphoniques.
Trois jours plus tard, la police se rendit de nouveau sur le site avec des experts d'EDF, pour essayer de comprendre d’où venait l’électricité. Tout avait été débranché et ne restait qu'une note posée sur le sol : « N’essayez pas de nous trouver. »

En 2009, Les catacombes furent vandalisées par des inconnus qui étant parvenu mystérieusement à s'introduire dans les lieux. S'ensuivit une période rénovations intensives de trois mois et un budget de 40,000 euros.

Accès aux catacombes

catacombes de Paris

Photo : Stock Photos par Alex Guevara/Shutterstock

Les visiteurs peuvent accéder aux Catacombes depuis la Place Denfert-Rochereau, et la sortie s'effectue au 36 rue Rémy Dumoncel. Comme vous pouvez l’imaginer, il s'agit d'un musée inhabituel et pas vraiment adapté ou conseillé pour les jeunes enfants. Dans cet esprit, aucun enfant de moins de 14 ans ne peut entrer dans les catacombes à moins d’être accompagné d’un adulte. Les tunnels ne sont pas non plus recommandés pour les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque ou respiratoire et les personnes sensibles. Une visite insolite et fascinante !

Catacombes de Paris : Site Web 

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Alexia Allard

Alexia Allard est rédactrice collaboratrice pour My Modern Met et traductrice à Londres. On peut souvent la trouver en train de restaurer des meubles anciens, flâner dans les brocantes, ou visiter les monuments historiques anglais.
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