Les habitants des immeubles de l’Embassy Gardens, dans le quartier de Nine Elms à Wandsworth, Londres, ont maintenant accès à une expérience de natation plutôt incroyable. Le cabinet HAL Architects a relié deux bâtiments résidentiels avec une piscine complètement transparente, qui offre une vue imprenable sur la rue en dessous. Sky Pool permet aux résidents de nager à travers la structure en acrylique de 25 mètres, pour peu qu'ils n'aient pas le vertige.
La transparence de la piscine et l’absence de structure visible sont rendues possibles grâce à l’utilisation de panneaux acryliques capables de retenir l’eau et de combler l’écart entre les bâtiments. Hal Currey, fondateur de HAL, a expliqué que ce choix créatif n’est pas une idée si rare puisque les aquariums réussissent bien à offrir une vues optimale de leur vie aquatique. « Si l’acrylique peut retenir des requins, pourquoi ne pas l' appliquer à la structure d'une piscine à dix étages de hauteur ? » Le projet a été mené à bien grâce à la collaboration des ingénieurs d’Eckersley O’Callaghan et des fabricants de Reynolds Polymer Technology.
Oui mais voilà, au-delà du vertige, les résidents espérant nager dans la Sky Pool font face à un obstacle supplémentaire : les résidents des logements abordables de ce développement, ceux ayant acheté en propriété partagée, n'y ont tout simplement pas accès. Cette décision des promoteurs a suscité une sérieuse controverse autour de l'idée du design équitable. Dans un article de The Guardian, certains résidents partagent leurs réactions face à l’inaccessible Sky Pool, visible de leurs fenêtres.
Le promoteur EcoWorld Ballymore ne fournit ces espaces que pour les résidents payant des frais de service plus élevés. La Sky Pool n’est que l'une des commodités auxquelles les résidents de logements abordables n’ont pas accès, et pour lesquels ils ne se voient pas offrir l’option de payer. Parmi d'autres éléments visant à exclure les résidents les moins aisés, l'article mentionne également des portes d'entrée séparées et bien moins luxueuses, dans un coin plus discret de l'immeuble.
L'article ayant été largement relayé, on peut imaginer que le groupe immobilier souhaitera peut-être reconsidérer ses décisions. Alors que la capitale anglaise fait face à une crise du logement généralisée, et tandis que les résidents de longue-date du quartier de Nine Elm témoignent d'un manque d'espaces, de ressources et de services de bases pour les résidents aux moyens limités, la question qui se pose est : la ville a-t-elle vraiment besoin que les développeurs se lancent dans une course à la construction d'aquariums pour portefeuilles bien remplis, qui en mettent plein la vue aux badauds moins fortunés trente-cinq mètres en-dessous ?